En quelques mots :

Ma photo
De fil en aiguille, après l'obtention du Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique le 7 juin 2011. Mention pour l'engagement par rapport à une artiste. Médiatrice Culturelle puis enseignante dans le domaine des Arts Plastiques - Lille

mercredi 29 juin 2011

° 1916-1970 °

Elle se souvient également de son enfance dans cet autre ouvrage qui porte le nom de l'Homme-JasminA l'âge de six ans, elle s'est inventée une figure masculine qu'elle décrit comme son premier amour : à qui elle restera fidèle à tout jamais.  
Il est paralysé et mutique, assis dans un jardin fleuri
Ce qui ressemble étrangement à son futur aux côtés de son compagnon surréaliste. 
Bien plus tard, ce jour où tout va basculer est celui où elle croit le voir fait de chair et d'os. 
Elle est au cinéma et se retrouve confrontée, coincée entre deux exemplaires de cette figure. 
Prisonnière, elle doit assister à ses premières hallucinations projetées sur grand écran. 
Elle a cette crainte de découvrir qui se cache derrière le masque qu'elle lui a constitué.
Elle pense que ses visions forment la vérité et que la réalité n'est que rêverie. 
Unica Zürn avait cette capacité de prendre du recul, au point de se dire que :
C'est elle-même qui s'hypnotise en pensant à cet homme.
L'Homme-Jasmin devient l'Homme-Blanc
Comment interpréter cette mise en avant de la couleur du jasmin ?
HB, comme Hans Bellmer.
Etait-elle comme Nadja, envoûtée par cet amour inconditionnel ? 
Les initiales HM reviennent également à plusieurs reprises, il est ici question de Henry Michaux, son plus grand ami, son protecteur qui lors de ses internements lui apporta des pinceaux, de l'encre de chine et du papier afin d'encourager la continuation de sa pratique artistique. 
Persévérer dans cette danse sur le fil de la paranoïa, parfois désirée car elle lui permettait de réaliser de merveilleuses créations. Par ce don, elle se dit : capable de comprendre les mystères de l'universElle a vécu toute sa vie dans l'éclat ou l'obscurité sans jamais réussir à trouver le juste milieu. Elle nota être restée dans la lumière grâce à ces deux hommes. 
L'araignée a tissé sa toile retenant des êtres hybrides monstrueux. 
La multiplication, la superposition, plusieurs facettes d'un seul et unique être. 
Elle-même prise au piège de ses propres tentacules.
Elle a voulu déchiffrer dans ses souvenirs d'enfance des signes prémonitoires du reste de sa vie. Elle prenait beaucoup de plaisir à jouer avec les mots, les chiffres pour leur côté réversibles. Dans ses crises comme dans ses moments de calme elle compta les objets, les gens, tout ce qui pouvait se trouver autour d'elle. 
Le neuf et le six comme symboles de féminité et de masculinité, de vie et de mort. 
Elle se taillera dans la paume de la main, le chiffre six. Qui, si elle le retourne, symbolisera son contraire. Elle décida d'unir le six au huit, signe d'éternité après la mort. 
Ah comme c'est si bon de se retrouver en vie après s'être suicidé.

vendredi 24 juin 2011

° 1916-1970 °

Unica Zürn a utilisé la troisième personne du singulier dans ses écrits autobiographiques afin d'introduire une certaine distance entre la réalité et le rêve. 
Egalement pour appuyer cette marge entre les éléments vécus et retranscrits. 
Une auto-analyse sans finalité et nécessaire dans le but de prendre du recul face à sa maladie mentale. 
Elle a retranscrit son passé au présent, temps de l'extase, de l'action, de l'insaisissable. 
En 1969, dans Sombre Printemps elle note : 
Il faut parfois se réfugier dans sa propre imagination pour supporter l'existence
Pour supporter le monde des adultes. 
Cet ouvrage retrace son enfance, l'absence d'un père vécue comme un vide irréparable, la laissant seule avec une mère mondaine, égoïste et froide, qui écartait ses enfants de son chemin comme on le fait d'un objet qui dérange. Avec un frère immoral : qui se jette sur elle et lui plante son "couteau", (comme elle l'appelle) dans sa blessure
Elle a conscience beaucoup trop tôt que la vie est vouée à la mort et que les rêves ont également une fin. Comme avec cet homme d'âge mûr pour lequel : elle sait enfin pourquoi elle vit. Cet amour non réciproque, ce rejet l'a mena à sauter dans le vide... Sa première chute. Après s'être unie à lui en avalant sa photographie. Par cette écriture d'urgence, ses phrases taillées au scalpel, elle a fixé ses souvenirs sur la page blanche, comme on parle, relatant un songe cauchemardesque.

dimanche 19 juin 2011

dimanche 12 juin 2011

jeudi 9 juin 2011

° DNSEP °

Creuser c'est écrire, c'est cette volonté de comprendre la vérité, de clarifier l'obscure. En règle générale, le fait de retirer de la matière, de passer des images dans l'acide évoque une violence insidieuse, incisive. La pointe sèche, la gouge qui ne caressent pas mais égratignent les plaques comme pour déshabiller, pénétrer, fouiller, démasquer. Des outils qui permettent d'aller au combat, de déterrer des éléments enfouis, enfuis. 
La couture comme autre type d'écriture, une relecture. Reprendre le cheminement de la matière retirée puis dériver. Cette patience, cette soumission aux techniques rigoureuses rappellent la difficile émancipation de la femme. Ce mouvement perpétuel d'intrusions permet de plonger dans le passé, dans son propre vécu. Coudre rime avec persévérance, il faut faire de nombreux points avant que l'atmosphère dans laquelle on se trouve disparaisse progressivement afin de se retrouver seul face à soi-même pour un interminable monologue. C'est une psychanalyse singulière. Faire le point sur le tissu et dans sa propre existence. Confronter ces deux techniques afin de réaliser des tableaux, des supports d'émotions et rendre hommage à Unica Zürn.